Les solutions énergétiques universelles
Dernière mise à jour : 19 janv. 2022
« Nous commençons par soulever de la poussière, puis nous regrettons de ne pas voir. »
Georges Berkeley (1685 – 1753)
Le lecteur trouvera peut-être ma critique de l’énergie en réseau et des énergies renouvelables rapide et superficielle. Je n’approfondis pas, pour une raison simple : il n’est pas possible de prouver par A + B que ce chemin de l’énergie n’est pas le bon. Le système énergétique mondial ne se résume pas à une théorie scientifique « falsifiable », pour reprendre le terme de Karl Popper. On ne peut pas prouver par un raisonnement de logique pure que l’on fait fausse route, en matière d’énergie en réseau, d’énergie primaire, de systèmes de transformation, d’usage final de l’énergie. Il faudrait, pour tenter de convaincre les nostalgiques des derricks pétroliers, les tenants de la fission nucléaire, les accros à la pile à hydrogène, les aficionados du photovoltaïque, les petits futés de la biomasse, les rêveurs de la fusion nucléaire et bien d’autres, entamer une discussion sans fin.
Cela ne m’intéresse pas et je ne chercherai pas plus avant à vous convaincre que le système énergétique en vigueur nous brûle les ailes. Pour paraphraser Nietzsche à propos d’un livre de philosophie qu’il n’aimait pas : « que m’importe la réfutation ! » Je préfère proposer autre chose, comme des citoyens réinventent tous les jours d’autres façons de cultiver, de manger, de circuler, pour s’affranchir d’un système industriel qui ne leur plaît pas.
En 2015, je faisais de la géophysique, ne sachant rien de bien précis sur les systèmes énergétiques, malgré ma formation initiale en physique et chimie : les scientifiques ont tous leur compartiment de compétences, étroit et bien sécurisé. Il fallait que je m’initie aux arcanes de l’énergie. Si l’on veut aborder un nouveau domaine scientifique, plusieurs stratégies sont possibles. La première est de lire l’essentiel de la littérature sur le sujet et tenter alors de progresser en s’appuyant sur cette connaissance. En matière d’énergie, le domaine est tellement vaste que cette démarche est inopérante : à supposer que l’on comprenne ce que l’on lit, une vie n’y suffirait pas.
J’ai tenté une autre voie : parcourir un livre écrit par des scientifiques, faisant déjà un point synthétique sur tous les systèmes énergétiques, à raison de quelques pages par système. Feuilletant l’ouvrage collectif « L’Énergie à découvert » coordonné par Catherine Jeandel et Rémy Mosseri, j’ai découvert la myriade de possibilités ouvertes par des siècles de recherche scientifique sur l’énergie.
Et là, quelque chose ne m’a pas plu : le système énergétique – encore flou à cette époque – qui m’était venu à l’esprit avant d’ouvrir le livre, n’était pas décrit, même succinctement. Bien qu’imposant, le traité n’était cependant pas exhaustif. Il m’est aussi apparu une image très nette : « Castorama ». Ce genre d’ouvrage synthétique est un peu comme un magasin généraliste de bricolage. Avant d’y rentrer, il faut savoir ce que l’on cherche et ce que l’on veut faire avec l’outil que l’on va acheter. C’est à cette condition que le magasin a une utilité pour le client. Dans le cas contraire, le quidam, moderne Bouvard et indémodable Pécuchet, erre sans fin dans les rayons de la Science, s’intéressant à tout et ne comprenant rien. « Ma » solution n’étant pas en magasin, j’ai refermé le livre et consolidé ma vision de l’énergie.
Un tri purement technique des solutions est inopérant pour définir un système énergétique…
